Louange à Dieu, Maître de toute la création, dont la Parole éclaire nos vies et dont la Miséricorde embrasse toute l’humanité.
Nous avons montré vendredi dernier que l’ensemble des Textes sacrés (Coran et Sounna) repose sur un premier socle de valeurs profondes : la foi en un Dieu Aimant et Bienveillant, un Dieu Juste, Maître du Jour de la rétribution, qui a honoré les enfants d’Adam en les appelant à œuvrer pour la paix, la justice et la prospérité partagée.
Pourtant, nous vivons à une époque où les controverses autour de questions religieuses se multiplient : faut-il déterminer le premier jour du Ramadan en observant le croissant lunaire ou en recourant aux calculs ? Doit-on verser la zakât al-fitr en nature ou en argent ? Peut-on souhaiter une bonne fête à une personne non musulmane ? Est-il permis de manifester de l’amitié ou de l’affection envers une personne d’une autre religion ? Peut-on lui offrir un cadeau ou partager avec elle des moments de joie ? la relation avec ceux qui ne partagent pas notre foi sont-elles fondées sur la rupture et l’hostilité, ou sur le respect mutuel ?
Ces polémiques, qui ressurgissent de manière récurrente, fragilisent notre foi, divisent nos cœurs et compromettent la cohésion sociale.
Dans une société déjà éprouvée par diverses crises et tensions, il est vital de s’éloigner des interprétations fragmentaires et superficielles, lesquelles nous empêchent de saisir l'harmonie et la profondeur du Coran.
S’ajoute à cela un défi contemporain majeur : l’emprise des réseaux sociaux. S’ils peuvent soutenir la transmission du savoir et faciliter la communication, leur fonctionnement favorise souvent la négativité, la peur et le rejet de l’Autre. En quête de profit et de visibilité, les algorithmes privilégient les contenus les plus clivants, renforçant préjugés et divisions.
Dans le contexte fragmenté qui est le nôtre, il est nécessaire de structurer notre pensée et de recentrer notre réflexion à la lumière d'un socle de valeurs profondes : la foi en un Dieu Empli d’Amour et de Justice, qui a honoré l’humanité et l'appelle à cultiver la paix intérieure et la solidarité entre les hommes.
Au-dessus de ce socles de valeurs profondes, s’élève un deuxième ensemble de principes, conçu pour organiser les relations interhumaines et consolider la coexistence pacifique.
Ce deuxième socle de valeurs repose sur deux postulats clairement établis par le Coran : d’une part, la diversité humaine inhérente à la volonté divine : « Si ton Seigneur avait voulu, Il aurait fait des hommes une seule communauté. » (Sourate Hûd, 11:118) « Et la plupart des gens, même si tu y tiens, ne seront pas croyants. » (Sourate Yûsuf, 12:103).
Et d’autre part, la liberté de conscience que le Coran appelle à préserver.
Dès la création d’Adam, le Coran souligne que Dieu a façonné un être libre et responsable, capable de choisir et d’assumer les conséquences de ses actes. Chacun bénéficie ainsi du droit à cette liberté de conscience, comme l’illustrent de nombreux versets : « Nulle contrainte en religion. » (Sourate Al-Baqara, 2:256) « Que celui qui veut croit, et que celui qui veut mécroit. » (Sourate Al-Kahf, 18:29) « Tu n’es pas un dominateur sur eux. » (Sourate Al-Ghâshiya, 88:22) « Tu n’as pas pour mission d’exercer sur eux une contrainte. » (Sourate Qâf, 50:45)« Il ne t’incombe que de transmettre le message. » (Sourate Ash-Shûrâ, 42:48)
Le Coran nous exhorte donc à reconnaître la diversité humaine, reflet de la sagesse divine, et à la valoriser en tissant des liens fondés sur l’acceptation mutuelle, le respect, la complémentarité et l’entraide, à l’écart de toute contrainte.
« Ô hommes ! Nous vous avons créés d’un mâle et d’une femelle, et Nous avons fait de vous des nations et des tribus, pour que vous vous entreconnaissiez. » 49:13
En effet, pour réaliser le vivre-ensemble, le Coran met en avant trois principes clés pour encadrer au mieux la relation avec autrui.
Al-Bir (la bienfaisance) Le croyant est invité à faire preuve de bonté et de bienveillance envers tous. « Soyez bons envers eux et équitables. » (Sourate Al-Mumtahana, 60:8)
Al-Qist (la justice) La justice demeure la pierre angulaire des rapports humains, sans discrimination. « Soyez équitables, cela est plus proche de la piété. » (Sourate Al-Mâ’ida, 5:8)
Respect des engagements Les promesses et les traités doivent être strictement respectés. « Et respectez vos engagements, car il en sera demandé compte. » (Sourate Al-Isrâ’, 17:34) . Le Prophète (paix et salut sur lui) avait pour habitude de rappeler à chaque discours : « Il n’y a pas de foi pour celui qui n’a pas de conscience de l’engagement, et pas de religion pour celui qui n’honore pas ses pactes. » (Hadith rapporté par Ahmed dans son Musnad).
Dans un climat de confusion et de tension, plutôt que de nous épuiser dans des polémiques stériles, apprenons à réfléchir en termes de valeurs, et éduquons nos esprits à rester concentrés sur l’essentiel : la foi en un Dieu Empli d’Amour et de Justice, qui appelle l’humanité à la coexistence pacifique, au respect de la liberté de conscience de chacun, à la solidarité et à la responsabilité.
C’est de cette manière qu’on pourra retrouver la clarté et la force indispensables pour bâtir une société juste et fraternelle.
Ô Dieu Tout-Puissant, Maître de la création, bénis-nous de Ta sagesse pour que nous sachions construire des ponts entre nos différences, respecter la liberté de conscience de chacun et promouvoir la bienfaisance, la justice et le respect des engagements.
Fais de nous des artisans de paix et de fraternité, afin que Ton Message brille à travers nos actes et notre attitude envers nous-mêmes et envers l’Autre. Amine.
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